RTC

Les manifestants

Photo d'illustration - Crédit : Cortège de Braises
 18 novembre 2020 16:08   Liège


Un cortège de l’ordre d150 citoyens et activistes dénonçait hier soir les retombées négatives du couvre-feu sur une partie de la population belge, la plus précarisée bien souvent. 

Une manifestation contre le couvre-feu, mais surtout contre les retombées négatives de celui-ci sur la population, s’est tenue hier dans la nuit. Les citoyens ayant participé à cette action de désobéissance civile réclament “des mesures sanitaires solidaires et non autoritaires”.

Le cortège citoyen de plus d’une centaine de personnes a arpenté les rues liégeoises et a marqué des arrêts symboliques afin de mettre en lumière une série de problématiques survenues suite à la crise sanitaire. 

Isabelle, une soignante liégeoise dont le prénom a été modifié, a tenu un discours devant une maison médicale, dont voici un extrait : “Si la pandémie que nous traversons aujourd’hui est une réelle crise sanitaire, c'est parce qu'elle arrive sur un lieu propice, déjà dévasté, où les soins de santé ont été désinvestis et désorganisés”. 

Face à la crise : “Des réponses solidaires, et non autoritaires” 

Cette liégeoise fait également partie du mouvement "La santé en lutte" depuis août 2019, un collectif citoyen composé de soignants réclamant “plus d’effectifs, plus de salaires et plus d’humanité”. “Le cortège était cohérent par rapport à ce que l’on défend dans La santé en lutte”, explique-t-elle. “Notre priorité est d’avoir des réponses sanitaires solidaires et non autoritaires”, résume la jeune femme.

Face à la crise sanitaire, les pouvoirs publics ont pris une série de mesures, dont le couvre-feu, qui pourrait bien être la mesure la plus contestée jusqu’à présent.

“Certaines réponses sont nécessaires, comme le port du masque ou encore les gestes barrières. D’autres sont incohérentes, comme c’est le cas du couvre-feu qui en fait touche les personnes les plus démunies et qui ont déjà une situation difficile. Je pense notamment aux magasins de nuit, aux travailleurs du sexe, aux sans-abris ou encore aux victimes de violences intra-familiales", expose cette soignante et militante. 

Plusieurs collectifs militants présents 

Parmi les manifestants, certains faisaient d’ailleurs partie de plusieurs collectifs engagés, tels que UTSOPI (l’Union des Travailleurs-euses du Sexe Organisé-e-s pour l’Indépendance), "Le travail social en lutte", un collectif qui regroupe étudiants comme travailleurs depuis cette année, ou encore "Les Brigades de solidarités populaires", elles aussi formées en réponse à la crise afin de créer un réseau de soutien citoyen. 

“Nous sommes loin des mouvements anti-masques et complotistes, mais on se doutait que certains essayeraient de faire le rapprochement”, précise Isabelle, afin de faire taire les nombreuses rumeurs. 

“Pour l’instant, les mesures prises tournent autour du maintien du travail et de l’économie, et non pas autour du soin. Et c’est malheureux. Nous, on veut juste une auto-défense sanitaire, c’est-à-dire la défense des uns et des autres mais aussi des plus démunis”. 

C’est donc bien le couvre-feu que ces manifestants avaient dans le viseur. “Il n’y a pas que dans les hôpitaux que des personnes meurent. Il y a d’autres dangers de mort qui découlent de cette crise”, argumente Isabelle. 

Et l’actualité d’hier, concernant le suicide d’une jeune indépendante, trouve un écho particulier dans les propos de cette soignante. 

La réponse de la ville de Liège 

Lors de cette manifestation spontanée, les forces de l’ordre étaient présentes mais ne sont pas intervenues. “S’il y avait eu contact, je pense qu’il y aurait eu conflit”, avance la ville de Liège.

La ville de Liège, face aux revendications des manifestants, explique que “la mesure qu’est le couvre-feu n’est pas une décision locale, mais la ville de Liège doit faire appliquer ces mesures gouvernementales”. 

Dans 10 jours, une seconde manifestation est prévue. “Cela enclenche une mécanique tout à fait différente vu qu’elle est prévue”, explique la ville de Liège. 

D’ici-là, des moyens policiers pourraient être mobilisés et la pression risque d'augmenter dans les jours à venir.

Mallaury Lehnertz