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Affaire Valentin Vermeesch, les proches témoignent.

 21 mai 2019 15:00   Liège


Les membres de la famille de Valentin Vermeesch ont témoigné mardi devant la cour d'assises de Liège au procès des cinq accusés de son assassinat. L'enquête de moralité a révélé que Valentin avait principalement été éduqué par ses grands-parents. Il les appréciait et obtenait beaucoup d'affection de leur part.

Né dans une famille socialement défavorisée, Valentin Vermeesch bénéficiait d'une grande affection de la part de ses grands-parents. Après avoir été longtemps placé chez eux par le SPJ, c'est toujours chez eux qu'il revenait régulièrement et qu'il trouvait de l'aide et de l'affection. "Il se baladait souvent dans les rues de Huy avec son vélo, qu'il adorait. Tout le monde le connaissait à Huy. Mais il revenait très souvent chez nous et il arrivait à n'importe quelle heure pour loger. Sa grand-mère s'occupait beaucoup de lui. Il était un garçon qui n'aimait pas beaucoup l'école mais il était joyeux. Il aimait jouer et rire", a précisé Pierre Drozdzowski, le grand-père.

Valentin Vermeesch avait une relation privilégiée avec sa grand-mère qui l'avait élevé et beaucoup aidé. Le décès de Valentin a laissé des séquelles très importantes chez cette dame. "Elle croit encore le voir partout. Elle crie après lui et elle pense qu'il n'est pas mort. Elle pleure tous les jours. Valentin aimait ses parents mais il avait une affection plus particulière encore pour sa grand-mère. Chez elle, il avait une chambre et un vrai lit", a précisé le grand-père.

Un oncle de Valentin a dénoncé le manque de moyens offerts par les services sociaux ou la justice pour encadrer cet enfant durant sa vie. "Depuis sa naissance, il aurait pu être mieux encadré. On n'a pas donné aux parents les moyens pour qu'il soit protégé. La mère n'a pas su faire l'éducation de son fils." Valentin Vermeesch a encore été décrit comme un garçon gentil mais qui avait la mentalité d'un enfant de 8 ans et qui fréquentait de mauvaises personnes. Il était une proie facile et vulnérable car il ne se posait pas de question sur les gens qu'il fréquentait. "Il ne voyait pas le mal", a précisé cet oncle.

Gabriel Drozdzowski, un autre oncle de Valentin Vermeesch, a déploré l'image simpliste qui a été décrite de la victime. "Certains l'ont décrit comme un mongol. Mais ce sont les accusés les gens anormaux. Ils ont pris sa vie et de dignité. Valentin n'avait pas de haine ou de colère. Il avait juste de l'amour à donner. Il était d'une grande fraîcheur. Candide, il recherchait l'affection. Sa constante recherche était d'être comme les autres, ce qui explique qu'il pouvait facilement se montrer familier. Il cherchait à être comme tout le monde et à faire partie d'un groupe d'amis", a annoncé ce témoin, partie civile au procès. Une commerçante hutoise a rapporté qu'elle avait fait la connaissance de Valentin Vermeesch parce qu'il venait régulièrement s'assoir à proximité de son commerce dans le centre commercial du Batta. "C'était un garçon qui faisait penser à un oiseau blessé. Il était très sensible mais il était heureux quand on parlait avec lui", a indiqué cette dame.

Valentin aurait déjà été malmené par le passé

Valentin Vermeesch, ce jeune Hutois de 18 ans souffrant d'un léger handicap mental, a été tué la nuit du 26 au 27 mars 2017 à Statte (Huy)

A l'audience devant la cour d'Assises de Liège ce lundi matin, on a appris qu'avait déjà fait l'objet d'une précédente agression violente dans laquelle était impliqué Alexandre Hart. C'est ce qu'a confirmé ce lundi matin un témoin direct de cette scène devant la cour d'assises de Liège. Valentin avait été menotté et attaché à un radiateur par Alexandre Hart qui avait ensuite utilisé une arme à air comprimé pour lui tirer dessus. La scène s'était déroulée les 8 et 9 janvier 2016.

Devant la cour, Philippe C. (25 ans) a précisé qu'il avait passé le week-end avec Valentin Vermeesch dans un appartement prêté par un ami. Alexandre Hart, qui avait déjà consommé de l'alcool, les avait rejoint. Il a ensuite voulu instaurer un jeu et imposer à ses amis de boire des verres d'alcool. "Après, il a commencé à me frapper et à s'exciter sur Valentin. Il disait que Valentin avait insulté sa famille", a expliqué le témoin. Selon Philippe C., Alexandre Hart a utilisé une arme d'air soft pour tirer des billes en direction de Valentin Vermeesch, menotté avec des colliers Colson. "Alexandre Hart s'était emparé de cette arme dans un tiroir. Il a tiré des billes dans le dos de Valentin. Valentin avait mal et demandait d'arrêter mais Alexandre ne voulait pas", a raconté le témoin. Une vidéo, qui pourrait avoir été filmée par Alexandre Hart, a été enregistrée lors de cette scène. Elle montrerait Philippe C. qui tire aussi en direction de Valentin Vermeesch.

Le témoin, Philippe C., sera d'ailleurs poursuivi devant un tribunal pour cette scène, ultérieurement au procès d'assises

Alexandre Hart aurait racketté un sexagénaire avec l'aide de Valentin

Plusieurs témoins ont évoqué, lundi, devant la cour d'assises de Liège, des faits d'extorsion qui auraient été commis par Alexandre Hart sur un sexagénaire. Valentin Vermeesch aurait permis ces faits de racket sur la victime qui souffrait de déficience mentale.

Lors d'un de ses interrogatoires durant l'enquête succédant à la mort de Valentin Vermeesch, Alexandre Hart avait affirmé que l'élimination de Valentin avait été commanditée par un homme âgé de 69 ans. Il avait cité le prénom d'un sexagénaire qui aurait promis une somme de 3.000 euros pour régler le sort de Valentin.

Cette thèse a été infirmée par l'enquête. Mais les investigations ont démontré que ce sexagénaire avait été victime de différentes agressions. Cet homme isolé et souffrant de déficience mentale recevait régulièrement des jeunes chez lui. Peu méfiant et en mal de relations sociales, il leur offrait régulièrement à boire ou de l'argent. Valentin appréciait cet homme et se rendait fréquemment chez lui en soirée. Deux des trois agressions commises sur ce sexagénaire auraient été commises lorsque Valentin s'était présenté accompagné d'Alexandre Hart.

Mais selon différents témoins, le sexagénaire victime de racket ne nourrissait pas de sentiment de vengeance. Il n'aurait pas pu demander de s'en prendre à Valentin. Au décès de Valentin, il avait manifesté sa tristesse. Des intervenants sociaux ont confirmé que cet homme vivait avec des moyens financiers limités et qu'il aurait été incapable de commanditer une expédition punitive.