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L'Uliège mise sur le télescope spatial à 10 milliards $

 24 decembre 2021 16:27   Liège


Après plusieurs en raison des conditions météorologique, le télescope spatial James Webb, le plus puissant de l'histoire, sera lancé ce 25 décembre à 13h20 heure belge. Cet énorme projet commun de la NASA, ESA et l’Agence Spatiale Canadienne est suivi avec grand intérêt du côté de l’Université de Liège. Les données transmises par James Webb s’annoncent déterminantes pour les chercheurs liégeois. Décollage immédiat pour mieux comprendre l’importance de cette mission.

Le lancement du télescope spatial James Webb en guise de cadeau de Noël, la communauté scientifique en rêve, tout en croisant les doigts... À bord d’Ariane 5, Webb, dont certains instruments ont été testés au Centre Spacial Liégeois, est tout simplement le plus grand et le plus puissant des télescopes spatiaux jamais lancés. "Lorsqu’il sera totalement déployé, le bouclier de protection de ce télescope couvrira une surface de 22m sur 12m, soit l’équivalent d’un court de tennis !", explique Yaël Nazé, maître de recherches FNRS, chercheuse au sein du Groupe d’Astrophysique des Hautes Énergies (GAPHE) de l’Institut d’Astrophysique et de Géophysique de l’ULiège. "Côté miroir, ce télescope en possède un de 6,5m de diamètre, soit presque trois fois plus grand que celui du télescope Hubble. En tant que mission scientifique, le James Webb est la plus grande structure jamais déployée dans l’espace." 

Les données du successeur du télescope Hubble seront utilisées à l’Université de Liège, notamment dans les cadre des recherche en matière d’exoplanètes. La puissance du nouvel outil qui aura coûté 10 milliards de dollars doit permettre de détecter s’il y a des atmosphère autour de ces objets. "Il va nous permettre d’étudier les exoplanètes de manière bien plus poussée que ce qui a été fait jusqu’à présent", se réjouit l'astrophysicien liégeois Michaël Gillon. "La grande taille de son miroir primaire combinée à ses instruments opérant dans l’infrarouge vont en effet nous permettre d’étudier la composition atmosphérique d’un grand nombre d’exoplanètes, y compris des planètes rocheuses et potentiellement habitables en orbite autour de petites étoiles froides comme TRAPPIST-1. Dans le pire des scénarios, il nous apprendra que ces planètes sont généralement incapables de garder une atmosphère substantielle à cause de leur proximité à leur petite étoile. Dans le meilleur des cas, il révélera pour certaines de ces planètes des compositions atmosphériques ne pouvant s’expliquer que par la présence de vie à leur surface."

Un déploiement très compliqué

Déterminer la présence de vie ailleurs dans l’Univers reste un enjeu majeur mais avant de pouvoir utiliser James Webb au cours au moins des 10 prochaines années, il y a une opération complexe : le déploiement de plusieurs instruments. "Au total 50 éléments devront être déployés incluant les panneaux solaires, les antennes de télécommunication, les miroirs, le bouclier solaire ainsi qu’un flap permettant d’équilibrer la pression de radiation solaire sur le satellite", précise Gaëtan Kerschen, Ingénieur civil en aérospatiale, professeur ordinaire au sein du Département d’Aérospatiale et Mécanique de la Faculté des Sciences Appliquées de l’ULiège. "Ceci nécessitera l’utilisation d’un peu moins de 200 mécanismes de déploiement et de 400 poulies. Une fois le satellite lancé, les dés seront jetés. Plus de 300 éléments ont été identifiés comme single-point of failure, ce qui signifie que si un de ces éléments ne fonctionne pas, il n’y a pas de solution de réserve ; la mission est en grand danger. Par exemple, si le bouclier solaire ne se déploie pas correctement, il sera impossible de refroidir le télescope à la température voulue donnant lieu à des images vraisemblablement inexploitables."  

Tout en se déployant, le télescope spatial entamera un voyage d’un mois vers son orbite de destination autour du deuxième point de Lagrange, à environ un million et demi de kilomètres de la Terre. Après un mise en service d’une durée de 6 mois, James Webb pourra entamer la phase d’observations tant attendue…

+++ Lancement en direct ce 25/12 (13h20) : cliquez ici

Stéphane Savaris (avec ULiège)