RTC

Affaire Valentin Vermeesch - Seconde phase du procès

 04 juin 2019 08:12   Liège


Les plaidoiries des avocats des parties civiles auront lieu ce mardi matin.

Fin de l'instruction de l'affaire

Seize journées ont été consacrées par la cour à l'instruction de l'affaire en audience publique et aux auditions de 177 témoins convoqués au procès. Après cette première longue phase, le procès entrera dès ce mardi dans une seconde phase avec les interventions des avocats et du ministère public. Quatre jours seront consacrés aux plaidoiries des parties civiles, au réquisitoire du ministère public et aux plaidoiries de la défense.

Le jury devra répondre à 93 questions

Le jury aura ensuite à répondre à un total de 93 questions portant sur des faits d'assassinat, de tortures, de traitements inhumains, de viol, d'attentat à la pudeur, de séquestration et de menaces de mort sur une personne vulnérable. La délibération du jury devrait débuter le mardi 11 juin en fin de matinée. Elle se déroulera à huis clos dans un hôtel liégeois où les jurés effectifs et suppléants ne pourront avoir aucun contact avec le milieu extérieur.

Le verdict pourrait être prononcé mi-juin

Plusieurs journées et nuitées ont été réservées dans un hôtel, où les délibérations auront lieu à huis clos Selon la durée des délibérations, le verdict pourrait être prononcé en fin de semaine, le jeudi 13 ou le vendredi 14 juin. Les débats sur les peines déborderaient alors sur la troisième semaine du mois de juin.

Le procès, suspendu à cause d'une épidémie de rougeole, a pu reprendre

Le procès d'Alexandre Hart (21 ans), de Belinda Donnay (22 ans), de Dorian Daniels (22 ans), de Loïck Masson (23 ans) et de Killian Wilmet (18 ans), cinq Hutois accusés de l'assassinat de Valentin Vermeesch, a repris lundi matin devant la cour d'assises de Liège. L'épidémie de rougeole qui sévit à la prison de Lantin n'a pas contaminé les accusés et aucun risque de propagation du virus aux différents intervenants du procès n'a été décelé.

Le procès avait été suspendu le lundi 29 mai lorsqu'une épidémie de rougeole avait touché la prison de Lantin, où quatre des cinq accusés séjournent actuellement. La cour voulait éviter tout risque de propagation du virus aux intervenants, d'autant plus qu'une femme enceinte siégeait au sein du jury. Lundi matin, le médecin légiste Philippe Boxho a ausculté les différents accusés avant la reprise de l'audience. Aucun signe de la maladie n'a été détecté chez eux après la période d'incubation du virus. "Ils vont tous très bien. Deux des accusés sont immunisés et deux autres ont reçu une injection complémentaire de vaccin", a indiqué le légiste. La jurée enceinte a par ailleurs fait savoir lundi matin qu'il lui était contre-indiqué de poursuivre sa fonction et a été remplacée. La journée de ce lundi sera consacrée aux auditions des témoins de moralité de Loïck Masson et de Killian Wilmet.

Le procès pourrait se prolonger durant trois semaines

La cour et les avocats ont fait le point lundi matin sur l'organisation du planning du procès. Les premières plaidoiries auront lieu ce mardi. La partie civile interviendra le matin. L'après-midi sera consacré au réquisitoire de l'avocat général Pascal Schils. La défense d'Alexandre Hart pourrait encore plaider brièvement mardi en fin de journée. Les avocats de Belinda Donnay et de Dorien Daniels plaideront mercredi. Ceux de Loïck Masson et de Killian Wilmet plaideront lors de la journée de jeudi, vraisemblablement moins chargée. Les répliques des différentes parties (fixées à 20 minutes) auront lieu durant la journée de vendredi.

 

Loïck Masson, décrit comme un garçon qui avait influencé un climat familial instable mais dont la personnalité ne correspondrait pas aux faits commis

Les témoins de moralité de Loïck Masson ont été entendus lundi devant la cour d'assises de Liège au procès des accusés de l'assassinat de Valentin Vermeesch. La mère de Loïck Masson l'a décrit comme un enfant qui n'avait pas posé de problème durant sa jeunesse. Loïck Masson était le quatrième enfant né de l'union de ses parents. La mère a décrit le père comme un homme violent qui s'était montré jaloux de ses enfants et qui faisait certaines différences entre eux. Loïck Masson a connu une scolarité difficile, marquée par des problèmes d'acné. Il a été dirigé vers l'enseignement spécialisé, car il avait du mal à assimiler. Il a connu de nombreuses absences durant son parcours scolaire. Vers l'âge de 17 ans, Loïck Masson a souffert d'un cancer, pour lequel il a été traité et soigné. Il n'a pas repris l'école mais il devait entreprendre une formation avant d'être impliqué dans les faits.

"Nous n'avons jamais eu de problème avec Loïck. Il ne sortait pas. A l'adolescence, je l'avais prévenu des dangers de la consommation d'alcool ou de drogues. Loïck poursuivait un rêve américain et souhaitait aller vivre aux Etats-Unis. Je ne comprends pas son implication dans les faits. Il avait été le premier à quitter le foyer familial pour s'installer à Statte parce qu'il savait que j'allais quitter son père. Loïck est un garçon qui a parfois sale caractère mais il n'est pas bagarreur. Il est tellement naïf et suiveur. Les faits qui lui sont reprochés ne correspondent pas à sa personnalité", a insisté la mère. Par un ami de sa famille, Loïck Masson a été décrit comme un garçon d'un niveau intellectuel limité. Mais il était débrouillard. Bien que naïf et limité intellectuellement, il était un garçon gentil et respectueux. "Il n'était pas du genre manipulateur ou menteur. Ni jaloux, ni possessif, ni protecteur. Je suis surpris des faits qui lui sont reprochés. Il n'est pas violent et je ne comprends pas ce genre de comportement de sa part", a exposé le témoin. Une jeune amie de la sœur de Loïck Masson a insisté sur le climat familial instable dans lequel il a évolué. "Le père faisait du chantage au suicide lorsque la mère menaçait de le quitter. Il prenait les enfants en otage sur le plan psychologique", a indiqué ce témoin. Selon d'autres témoins proches de Loïck Masson, cet accusé cherchait des amis et voulait être reconnu. C'était un suiveur qui pouvait adopter l'avis des autres pour se faire accepter. "C'est un suiveur qui se laisse vite manipuler, ce n'est pas un meneur", a précisé la sœur. Selon différents témoins entendus, Loïck Masson n'était pas homophobe. "L'homosexualité n'était pas un style de vie qu'il aurait adopté. Il n'aimait pas certaines manières des homosexuels mais il n'était pas contre l'homosexualité", ont précisé plusieurs témoins.

Killian Wilmet, décrit comme un garçon gentil et renfermé

Ce cinquième accusé de l'assassinat de Valentin Vermeesch a également été décrit comme un garçon présentant une froideur émotionnelle et qui peut être arrogant, agressif et injurieux.

Les parents de Killian Wilmet se sont séparés alors qu'il était âgé de 10 ans. Sa mère a exposé aux jurés qu'elle avait été battue durant 15 ans par son mari. La vie de couple n'était pas agréable mais le père de Killian Wilmet ne se montrait jamais violent avec ses enfants. Le couple avait donné naissance à cinq enfants. Killian était le troisième. La mère a précisé que Killian Wilmet porte son nom. Le père, condamné à une lourde peine de prison pour vol, n'avait pas souhaité donner son nom à ses enfants.

"Il laissait tout faire à ses enfants, lesquels n'ont jamais connu l'autorité masculine", a commenté la mère. Lorsque la mère de l'accusé s'est installée dans la région de Charleroi après sa séparation, le caractère de Killian Wilmet a changé en raison de ses mauvaises fréquentations. Il avait notamment saccagé un lavoir-automatique avec des amis et s'était présenté armé dans une école, d'où il a été renvoyé. "Mon fils n'était pas un mauvais garçon. Il était serviable avec tout le monde. Il savait donner confiance aux autres. Il était courageux, débrouillard, intelligent et serviable. Mais il était aussi très renfermé sur lui-même depuis plusieurs années et gardait ses sentiments pour lui. Ce n'était pas dans sa nature d'être violent", a témoigné la mère de l'accusé. Par sa sœur et sa petite amie, Killian Wilmet a été décrit comme un garçon fort gentil, respectueux, timide, réservé et très renfermé. "Depuis les faits, il montre plus ce qu'il ressent et il s'investit beaucoup plus. Il est humain, il est normal", a précisé sa petite amie.

Killian Wilmet était mineur d'âge au moment des faits commis contre Valentin Vermeesch. Le tribunal de la jeunesse s'est dessaisi du dossier en estimant qu'aucune mesure éducative n'était envisageable. Toutes les tentatives de travail d'introspection se sont avérées vaines. Killian Wilmet s'est montré violent, incapable de gérer sa frustration et de se remettre en question. L'accusé présente une froideur émotionnelle et est incapable d'empathie, avait-il été estimé. Killian Wilmet s'est montré arrogant, agressif et injurieux avec les autres jeunes et avec les éducateurs rencontrés lors de son placement en IPPJ. Il avait aussi participé à la prise d'otage d'une éducatrice en frappant un éducateur venu à la rescousse.

Pour rappel..

Valentin Vermeesch, un Hutois âgé de 18 ans souffrant d'un léger handicap mental, avait été tué dans la nuit du 26 au 27 mars 2017 à Statte (Huy). Il avait subi une très longue scène de violences et de tortures avant d'être précipité dans la Meuse, où il s'était noyé, les mains menottées dans le dos. Son cadavre avait été retrouvé le 14 avril 2017 alors qu'il avait les mains menottées dans le dos.